Kápsia Cave - Exploration of a Sinkhole
in Arkadia (Southern Greece)

Καταβόθρες Κάψιας (Αρκαδίας)

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Spelunca Article (1911)

The French caving magazine Spelunca published an article by N.-A. Sidéridès in 1911 about Kápsia cave. The original French article is quoted here in text and faksimile form.



SPELUNCA

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BULLETIN ET MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE

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Tome VIII. -- Nos. 63 et 64. -- MARS -- JUIN 1911

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LES KATAVOTHRES DE GRÈCE

PAR

N.-A. SIDÉRIDÈS

Ingénieur en chef à Athènes

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PARIS

AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ

34, RUE DE LILLE, 34

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1911




LES KATAVOTHRES DE GRÈCE.


XXI. -- KATAVOTHRE DE KAPSIA.

(Plaine de Mantinée).


Le 20 août 1892, accompagné de MM. Ch. Gadouleau et J. Valiche et muni de tout mon matériel, je me suis rendu à 8 heures du matin à la katavothre de Kapsia (fig. 27).

D'après les renseignements fournis par les habitants, je n'espérais pas trouver de galeries praticables, et je comptais finir assez vite pour aller coucher à Tchipiana où, au contraire, disait-on, il y avait une galerie connue de 200 mètres et un lac au bout, etc.

[Plaine de Mantinée, Katavothre de Simiadès, Katavothre de Kapsia, Trou de Karaphotia, Palaiochori, N, Plan Général, Fig. 27.]

Or, les grottes de Kapsia et celles de sa voisine, Palaiochori, nous réservaient les surprises et découvertes les plus curieuses de toute notre campagne katavothrique.

Un grand mur circulaire maçonné, garni de fênetres grillées en mauvais état, et construit il y a une vingtaine d'années, protège les diverses bouches de cette katavothre. Mais la hauteur de ce mur est insuffisante.

Un canal extérieur (de 5 mètres de largeur et 2 de profondeur) vient aboutir en forme de T contre trois des fenêtres grillées; il est garni d'une maçonnerie en pierres sèches, et conduit les eaux ordinaires. En temps de crues les eaux pénètrent aussi par les autres fenêtres. Les grandes crues dépassent le mur d'enceinte d'un mètre environ.

Dans l'enceinte, il y a d'abord une cuvette (voir fig. 28) de 2 m. 50 de largeur et de 4 mètres de profondeur, maçonnée en pierres sèches sur trois côtés. Elle reçoit la première les eaux du canal. A gauche, un puits maçonné en pierres sèches de 2 mètres de diamètre et de 6 de profondeur, terminé par des fissures, et une crevasse très étroite absorbent aussi pas mal d'eau.

Au pied même de la montagne, il y a deux entrées assez larges (de 4 m. x 3 m.) qui s'étendent horizontalement sous terre et se réunissent dans une salle de 15 mètres sur 8 mètres d'étendue. La partie gauche de cette salle est comblée par des éboulements; le reste et la galerie sont assez facilement accessibles; les bergers les utilisent comme abri pour leurs troupeaux pendant les heures chaudes de la journée en été.

Par l'entrée de gauche, à 8 mètres de distance, on tourne à droite; un couloir ètroit descend, incliné de 40°.

Je m'y suis avancé de 18 mètres jusqu'à des fissures et crevasses impénétrables. Ensuite, nous avons pénétré dans un couloir très étroit (de section moyenne 1 métre sur 0 m. 60, long de 40 mètres) et un embranchement de 10 aboutissant tous deux à des fentes impraticables.

Pendant que je dressais le plan topographique de ces galeries, M. Gadouleau était entré dans le couloir de gauche; personne encore ne pouvait s'imaginer ce que nous réservait cette galerie de gauche. Je ne sais par l'effet de quel pressentiment, je m'étais procuré pour me servir de fil d'Ariane en cas de besoin, 800 mètres de ficelle portant de petits morceaux de bois pour indiquer les décamètres et les hectomètres.

Cette précaution allait tout simplement nous empêcher de nous égarer dans un véritable labyrinthe et, de plus, nous fournir à chaque moment et presque automatiquement la distance exacte depuis l'entrée.

Invité par M. Gadouleau à le suivre dans le couloir de gauche, j'attachai le 0 du fil au point 1 de l'entrée. MM. Gadouleau et Valiche marchaient devant; puis venait un ouvrier déroulant le fil et tenant la lanterne à verres de Mica. Je le souvais avec mon carnet à boussole (1). Chacun portait un sac contenant un marteau, des bougies, des allumettes et quelques cordages. La caravane, ainsi composée, commença ce pénible voyage souterrain à 9 h. 1 /2 du matin. Un ouvrier de réserve restait dehors tout prêt à nous suivre avec le téléphone et d'autres cordages.-

D'abord nous avançâmes assez facilement, mais à quatre pattes en quelques passages.

(1) Tout les plans ont été faits á l'aide du carnet-boussole du lieutenant-colonel Prudent, conformément aux méthodes de M. Martel.

Au bout de 30 mètres, une petite salle à stalactites nous permit de rester debout. L'avant-garde se glissa de suite dans un couloir à gauche très étroit et tournant que nous appelâmes l'Escargot parce qu'il revenait sur lui-même par un petit trou ayant à peine 0 m. 35 sur 0 m. 60 de largeur. Je me glisse en rampant dans ce trou et je débouche de l'autre cêté en même temps que mes camarades qui, sortant de l'Escargot, sont tout surpris de me voir surgir par là.

Sur l'Escargot se greffe une très jolie galerie de 7 mètres de longueur que nous nommâmes « la Chapelle » à cause de ses jolies stalactites d'aspect gothique.

Au-delà, la marche est encore très pénible à plat ventre sur un plan incliné ascendant en argile très glissante. On arrive ainsi à la « salle basse des stalactites » de 0 m. 50 à 0 m. 60 de hauteur seulement, mais garnie d'une multitude de concrétions qu'il fallut, pour nous ouvrir le passage, casser avec nos marteaux. Deux autres passages (à droite) sont impénétrables; mais la galerie se poursuit de plus en plus large (2 à 7 mètres) et haute (1 à 6 mètres).

Bientôt, nous nous trouvons dans un vrai labyrinthe. A gauche, d'abord une crevasse très étroite, puis une galerie qui s'élargit après de grands éboulis. A gauche, une grande salle descendante s'élargit peu à peu et rejoint la précédente (10 mètres de hauteur sur 8 de largeur). Là s'ouvrent un puits de 4 mètres de profondeur et un embranchement de 20 mètres de longueur formant une spacieuse salle de 8 mètres de haut, et terminé luimême par un puits très étroit de 2 m. 50 de profondeur.

A droite s'étend la galerie progressivement rétrécie. Le fond est boueux et glissant. Les saillies des parois sont pointues et friables, effet probable du passage de grandes masses d'eaux sur ces calcaires relativement tendres.

Tout au bout est un puits de 20 mètres de profondeur, qui sans doute après ceux de 4 mètres et 2 m. 50, absorbe la plus grande quantité des eaux qui arrivent dans ces galeries. Ce puits se trouve à 150 mètres de l'entrée: il eût fallu de bons préparatifs et toute une équipe pour y descendre. Je décidai donc de continuer l'exploration des autres galeries, s'il y en avait, sauf à revenir ensuite au puits.

Nous retournons au début des éboulis. Ici, l'aspect de la grotte change complètement. Nous sommes 8 à 10 mètres plus haut que dans les galeries précédentes; et au lieu de stalactites et stalagmites salies ou jaunies par les eaux boueuses qui les inondent à chaque crue, nous en voyons de tout à fait blanches et beaucoup plus abondantes.

Les deux galeries sont ascendantes et mesurent chacune une dizaine de mètres.

Nous continuons à marcher sur les éboulis, quand M. Valiche, qui allait en avant, se retourne tout effrayé en criant: « des têtes de morts ». Là, en effet, nous attendait un lugubre spectacle. Une quarantaine de crânes humains et des os longs gisaient en deux ou trois endroits; les petits ossements ont dû être entraînés par les eaux. Près de ces crânes se trouvent des morceaux de vase ou cruches en terre cuite. Le tout en partie recouvert d'une couche de calcaire stalagmitique de 5 à 10 millimètres d'épaisseur. J'ai emporté un gros fragment de cruche (avec son anse), qui devait mesurer 0 m. 20 de diamètre maximum.

Certains crânes étaient très petits, appartenant évidemment à des enfants.

Par où ces individus sont-ils entrés ou ont-ils été introduits dans cette grotte? Dans quel but? Et comment y ont-ils trouvé la mort?

D'abord, il n'est pas admissible qu'ils se soient glissés par le même chemin que nous, ni que les eaux y aient amené leurs cadavres ou squelettes. Ils ont dû descendre avec leurs vivres, soit par un puits supérieur que j'ai vainement cherché à découvrir, soit par une galerie voisine. En effet, à gauche, un peu plus loin, il y a un couloir ascendant où l'on voit un groupe de stalactites arrachées à l'intérieur et rangées horizontalement et transversalement en lits superposés comme des claies. Les fragments de stalactites sont, pour ainsi dire, refoulés entre eux par une concrétion plus récente. Il est indiscutable que la main humaine est intervenue dans leur disposition actuelle. Préciser à quelle époque est chose impossible.

Au-dessus, dans la voûte, on voit quelques fissures ascendantes, et cette partie de la grotte présente un cône de ce déjections dont le sommet partait de ces fissures. Tout près de ce sommet j'ai remarqué une portion de grosse racine vivante de 3 à 4 centimètres de diamètre et appartenant plutôt à l'yeuse ou chêne vert, qui existe sur la montagne. Nous n'étions donc pas très loin de la surface du sol. Mais il nous était impossible de remonter dans ces fissures impénétrables. Elles pourraient bien être un ancien puits obstrué ou effondré par lequel ces malheureux sont descendus, soit comme prisonniers, soit comme réfugiés.

Aucune tradition n'a conservé le souvenir d'un pareil événement, même chez des vieillards de 80 et 85 ans, que j'ai interrogés, à Kapsia et à Sonniadès. J'ai examiné aussi le terrain à l'extérieur, mais n'ayant pas alors dressé encore le plan exact, je n'ai pas pu bien identifier sur la montagne l'endroit sous lequel se trouvait cette catacombe. Peut-être l'examen anthropologique des crânes et archéologique des poteries permettrait-il de résoudre cette question mystérieuse.

Des foiilles sous les ossements seraient capables aussi de l'éclairer.

En attendant, continuons maintenant le récit de notre exploration.

Notre ouvrier avait eu tellement peur de ce cimetière qu'il ne voulait plus nous suivre. Mais quand il nous vit avancer sans lui, il aima mieux encore nous accompagner que de nous attendre parmi les squelettes humains et surtout que de regagner la sortie tout seul.

Une jolie stalagmite toute blanche de1 m. 50 de hauteur et de 0 m. 50 de diamètre ressemble tout à fait à une statue en marbre blanc.

A gauche, s'ouvre une galerie avec une grande salle de 15 mètres de largeur sur 30 de longueur et de 8 à 12 de haut. Le sol en est boueux et l'extrémité présente plusieurs crevasses absorbantes.

A droite il y a un couloir ascendant très étroit aboutissant à des fissures; ensuite continuent les éboulements.

Plus loin, une grande salle très curieuse. Elle a 35 mètres de longueur sur 30 de largeur et de 10 à 15 de haut. A gauche, les éboulements ne tardent pas à se terminer. A droite, de magnifiques stalactites toutes blanches et des stalagmites ayant jusqu'à 1 mètre et 1m. 20 de hauteur forment une vraie forêt. Le fond est boueux et finit par un puits profond de 5 mètres.

Une autre salle de 60 mètres de largeur et 75 de longueur varie en hauteur de 4 à 10 m. Son plafond est orné de stalactites blanches comme la neige. Tout autour de la salle, on distingue un liseré noir bien marqué et déterminant un plan parfaitement horizontal. C'est la limite de la hauteur à laquelle s'élèvent les eaux qui envahissent cette salle. Au-dessus de ce liseré, tout est blanc et éblouissant, tandis que tout ce qui est en dessous porte bien les traces des eaux troubles qui y restent pendant les crues et qui ont donné la couleur jaune-noirâtre à la plupart des stalagmites. C'est la salle des merveilles.

[Grottes et Katavothre de Kapsia (Mantinée), Explorées le 20 et 21 Août 1892 par N.A. Sidéridès, accompagné de C. Gadouleau et J. Valiche, Plan, Grand puits de 20 m, Puits de 2 m, Puits de 4 m, Crevasse, La chapelle, L'escargot, Salle basse des Stalactites, Salle des têtes et ossements humains, La Statue, Champ de stalactites, Puits de 5 m, Grande salle des Merveilles, Le cadavre pétrifié, Le portique, La tour, La colonne blanche, L'Eléphant, Crevasses absorbantes, Trous et fissures, L'Autel, Les gours, La passe triangulaire, Fin des éboulements, Stalactites rangées par L'homme, Racine fraiche, Crevasse, Origine des éboulements]

Les stalagmites revêtent des formes fantastiques.

Une galerie longue de 50 mètres, large de 4 à 5 mètres et haute de 6 à 7 mètres aboutit à des crevasse supérieures.

Il nous a fallu une heure pour sortir. Le fil d'Ariane était indispensable. Alors nous trouvâmes quelques paysans qui attendaient depuis midi et qui s'inquiétaient déjà beaucoup de notre sort.

Le lendemain 21 août 1892, après avoir vérifié les décamètres et hectomètres de notre fil d'Ariane, nous nous sommes rendus à la katavothre pour en faire un relevé aussi exact que possible de l'intérieur. Je ne me chargeai que du plan, tandis que M.Gadouleau relevait le profil en long et que M.Valiche dressait les coupes transversales à tous les points que je leur indiquais (fig. 29).

Nous restâmes pendant deux heures dans la grande salle des merveilles pour admirer et contempler ses bizarres curiosités.

En sortant, nous recueillimes un crâne humain près de L'Escargot, sans ossements et sur un petit tas de matières végétales et d'argile. Ce crâne a dû être amené là par les eaux et appartient à quelque individu qui a trouvé la mort ou dehors ou dans la galerie même d'entrée.

[Grottes et Katavothre de Kapsia (Mantinée), Explorées le 20 et 21 Août 1892 par N.A. Sidéridès, accompagné de C. Gadouleau et J. Valiche, Profil en long, Plaine Altit.590m., Canal, Mur d'enceinte avec fenêtres et grilles, Hautes eaux, Salle basse des stalactites, Têtes Ossements humains, La Statue, Eboulement, La passe du triangle, Le portique, La colonne blanche, La tour, Crevasse, L'Autel, a, b, c, d ,e, f, g, h, i, Fig. 29. - Coupe de Kapsia]

Cette splendide katavothre a grand besoin d`être aménagée à l'entrée et élargie pour la rendre aussi accessible aux visiteurs.

Il faudra réparer et élever le mur d'enceinte extérieur et en réparer aussi les portes grillées.

Au canal d'arrivée extérieur, il faut aussi élever de bonnes maçonneries et mettre deux ou trois grilles successives (comme à Versova) pour empêcher le plus possible l'entrainement de substances végétales, de roseaux, etc., car alors, les eaux toutes seules déboucheront et nettoieront toute passe encombrée.

Il faut encore des portes grillées aux deux entrées de ces grottes pour empêcher les bergers d'y conduire leurs troupeaux. Car ce sont eux, parait-il, qui démolissent les fenêtres grillées de l'enceinte pour faire passer leurs moutons et les conduire dans la grotte pendant les heures chaudes des journées d'été.

Une petite maisonnette de garde et un gardien sont indispensables pour l'entretien des ouvrages et le nettoyage des grilles. Il est essentiel de remarquer qu'on ne devra pas faire des élargissements dans les galeries avant de compléter les travaux de défense extérieurs. Autrement on aurait risque de faire boucher les puits intérieurs et les crevasses absorbants et on aurait réalisé presque un mal plutôt qu'un bien.

Il est à souhaiter que quelque spéculateur ou même la Société des chemins de fer de Peloponèse installe à Kapsia un hôtel confortable et organise un service de guides pour attirer à Kapsia les centaines de visiteurs que se rendent chaque année aux ruines de Mantinée.

Une route existe entre la route de Mantinée et Kapsia; la distance des ruines de Mantinée n'est que 5 à 6 kilomètres par la route.


XXII. -- KATAVOTHRE ET GROTTES DE PALAIOCHORI.
(PRÈS KAPSIA), (fig. 27 30, 31).


Le 21 août 1892, à 8 heures du soir, sortis de la kavothre de Kapsia et étant en train de diner, nous fûmes informés par nos ouvriers qu'il y avait une grotte située dans la direction du village à 300 mètres de la katavothre de Kapsia, dans un petit vallon ascendent et connue sous le nom de trou de Palaiochori (Palaios: ancien, chorion: village). Il paraît que dans ce vallon, il existait .....



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